lundi 30 juin 2008

[Séquence culte] Le fou rire de la Planète des singes

Au début du film, Taylor (Charlton Heston) se tape un fou rire à la vue de son collègue américain qui, à peine échoué, conquiert la nouvelle terre en plantant son drapeau national. On peut lire dans le fou rire d'Heston la prédiction d'une ironie à venir, celle de la fin du film. Ironie car quand on plante un drapeau, c'est sur un territoire inconnu. Or, son ami plante en fait, sans le savoir, son drapeau sur... son pays, car le sol est américain (comme le confirme la Statue de la liberté à la fin), mais 2000 ans plus tard. Notons que le lieu de l'amerrissage est la zone interdite, lieu qui contient la clé du passé, et dont les Singes n'osent s'approcher. Ils ne le reconnaissent donc pas comme leur territoire.
Ce réflexe pavlovien illustre une (re)conquête américaine inutile, et c'est toute l'histoire de ce pays qui est moquée, histoire basée sur un mensonge, celui de l'expansion et de l'appropriation d'un territoire pas si vierge que ça au départ (l'appropriation s'accompagne souvent d'une expropriation moins glorieuse). L'ironie prend donc la forme bouclée du serpent qui se mord la queue.
Zoom sur son rire donc, puis panoramique vers le ciel et un rayon de soleil étouffant, qui ébloui l'objectif, annonciateur, tout comme le rire qui se perd dans l'écho, de la folie qui l'attend.
Autant en rire donc.

KC